Bonjour !
J'avais commencé à
écrire cette histoire il y a de nombreux mois, avant de me lancer dans
Ruines. Et puis je l'ai abandonné, pour Alex et Max.
Ensuite, je ne l'ai pas
repris car l'héroïne est journaliste, comme mon autre personnage de
romans, Sun Bartas. Je ne voulais pas faire du réchauffé.
Mais, ici, les
caractères sont différents, l'histoire aussi. Je me suis inspirée de
fanfics que j'écrivais il y a quelques années pour écrire cette
histoire. Je me suis fait plaisir en la reprenant et en la remaniant,
alors, je vous la poste ici...
J'espère que ma fougueuse Lilly va vous plaire :)
Bonne lecture !
Résumé :
A vingt-cinq ans, Lilly Morris est reporter pour une grande chaîne d'actualité américaine. Mais elle est surtout la colocataire et la responsable de deux adolescentes de dix-sept ans, Lola et Alison.
Le jour où ses "petites soeurs" sont mêlées à une sombre affaire de tueur en série, Lilly décide de plonger tête la première dans l'enquête qui concerne ses protégées. Même si cela doit la mettre en danger. Même si elle doit profondément agacer l'agent de police Michael Vennant...
Chapitre 1
L’officier de police Michael
Vennant frotta ses paumes gelées l’une contre l’autre, le menton levé vers le
troisième étage de l’immeuble, où il devait se rendre. Quelques flocons de
neige pleuvaient sur lui et parsemaient ses joues, sans qu’il y prête
attention, occupé à observer les trois fenêtres allumées et décorées de
quelques décorations de Noël. Malgré lui, il allait devoir hautement perturber
des personnes qui n’attendaient que de la joie d’une telle période.
Il attendit que sa collègue ait
claqué sa portière et arrive à son niveau afin de lâcher sa pensée :
— On devrait attendre que les
fêtes soient terminées.
— Ordre du chef, Mike. Et puis,
plus vite elles seront au courant, plus vite on pourra agir.
Même s’il détestait quand sa
collègue avait raison – ce qui était toujours le cas —, il acquiesça d’une
grimace puis se dirigea vers l’entrée du bâtiment, ses semelles crissant sur le
tapis blanc. Une personne sortit de l’immeuble au moment où ils y arrivaient,
leur permettant ainsi de rentrer sans avoir à se présenter via l’interphone.
Ils grimpèrent dans l’ascenseur, dans lequel filtrait en sourdine une musique
d’ambiance.
— Le vingt-quatre décembre…
soupira une nouvelle fois Michael en d’adossant à la paroi de la cabine. On
devrait être en train de préparer nos cadeaux, plutôt que de venir ennuyer ces
gamines. J’ai acheté de superbes boîtes de pâté au thon pour mon chat, j’ai
hâte de lui donner.
Il sourit en repensant à son
animal, adopté l’an dernier dans un refuge après avoir été trouvé presque
mourant, une patte en moins. Désormais, Blinis pesait presque six kilos et
partageait avec lui des dizaines de pavés de saumon par an, leur repas préféré.
— Tu sais que tu es invité chez
moi, répondit-elle délicatement.
Il releva le menton, comme si
cette proposition était offensante. Elle l’était, d’ailleurs. Parce qu’elle
cachait mal la pitié de sa collègue.
— Blinis et moi comptons passer
un agréable moment devant un film, mais merci.
Le reste du trajet jusque
l’appartement 312 se fit dans un silence devenu gêné. Un air de musique s’échappait
dans le couloir. Michael laissa échapper une grimace en reconnaissant All I Want For Christmas Is You de Maria
Carey. Maïa sourit, amusée.
— Ta chanson préférée,
ironisa-t-elle.
— Plutôt me planter un couteau
dans le ventre que d’écouter ça de ma propre volonté, rétorqua-t-il.
— Et tu as pensé à Blinis ?
— J’ai fait un testament, il
hériterait de toute ma fortune.
— Un chat hériterait de ta
fortune ?
— Ouais, mais je n’ai pas
l’intention de mourir aujourd’hui. Ni demain. Ni après-demain. Ni dans un jour
proche.
Maïa sourit en secouant ses longs
cheveux bruns. Son partenaire fronça le nez comme pour lui indiquer ce qu’il
pensait de son avis, et frappa à la porte, pressé de repousser cette discussion
qu’il sentait venir. Un « j’arrive » retentit, suivi de bruits de
pas. Une jeune femme vint leur ouvrir, la main gauche protégée par un gant de
cuisine. Elle ouvrit de grands yeux en détaillant Michael et Maïa.
— Oui ? J’ai mis la musique
trop fort ?
Michael sortit son badge et le
lui tendit.
— Police de Providence, officiers
Acolas et Vennant. Nous pouvons entrer quelques minutes ?
La jeune fille arrondit le regard
et se décala pour les laisser passer. Michael et sa partenaire entrèrent en
détaillant les lieux. Le salon, ouvert sur une petite cuisine, était illuminé
grâce aux trois fenêtres de l’appartement que Michael avait vues du parking. Un
sapin de Noël mangeait un coin de la pièce, et de multiples décorations roses
et violettes retenaient l’attention, un peu partout. Une odeur délicieuse de
sucre et de beurre lui mit l’eau à la bouche.
Les colocataires étaient prêtes à
fêter Noël et il allait gâcher ça. Il masqua son trouble en analysant les
traits de la jeune femme, cherchant son nom dans ses souvenirs. Il avait étudié
le dossier en voiture, avant de venir, mais les trois prénoms se mélangeaient
dans sa tête.
— Lola Baker ? tenta-t-il en
replaçant son badge dans sa poche.
— Elle a fait quelque chose de
mal ? grimaça son interlocutrice.
— Non.
— Alors, c’est moi.
Elle passa la main dans ses
cheveux châtains, répandus dans son dos et retenus par une barrette à l’effigie
du père Noël. Une autre jeune femme sortit d’un couloir, de multiples
guirlandes bleues dans les mains.
— J’en ai trouvé d’autres et… oh !
Je n’avais pas vu qu’il y avait du monde ! Bonjour !
La nouvelle arrivante avait le
même âge que la dénommée Lola, dix-sept ans, comme le lui avait appris son
dossier. Ses cheveux roux encadraient son minois juvénile et accentuaient sa
peau pâle et ses multiples taches de rousseur. Elle envoya un large sourire aux
deux officiers de police en déposant les guirlandes sur la table.
— Vous avez senti l’odeur du
gâteau, c’est ça ? Vous êtes les deuxièmes voisins à venir aujourd’hui,
mais sachez que…
— Ils sont de la police, Alison,
l’interrompit Lola.
La rouquine porta la main à sa
bouche, son regard s’arrondissant sous la stupeur.
— Oh. On a fait quelque chose de
mal ?
Michael secoua la tête et désigna
son épais manteau. Après le temps glacial, la chaleur de l’appartement était
étouffante. La sueur commençait à recouvrir son dos.
— Il fait très chaud, je peux…
Lola tendit les mains en
acquiesçant.
— Bien sûr ! Donnez !
Il enleva son blouson, imité par
Maïa. Lola leur désigna une chaise, Alison fila dans la cuisine après avoir
piqué le gant de cuisine de l’autre jeune femme.
— Attendez-moi juste une seconde,
je vais éteindre le four ! Je suis désolée de vous faire patienter, mais
mes cookies risquent de brûler et ce serait vraiment dommage parce que je les
ai cuisinés avec beaucoup beaucoup d’amour, et même encore plus que ça, alors
vraiment, je ne voudrais pas qu’ils brûlent et donc, je vous demande quelques
petites secondes et… ouch ouch, c’est chaud… et voilà, j’ai presque fini et
donc…
— Mademoiselle Campbell…
intervient Maïa après avoir échangé un regard avec son coéquipier, vous pouvez
prendre votre temps pour sortir ces gâteaux…
— Et rester calme, ajouta
Michael, nous ne sommes pas là pour vous arrêter.
Alison porta son index rouge à sa
bouche, après avoir déposé sa plaque de cuisson sur le plan de travail. Elle
émit un rire gêné en trottinant vers la table.
— Désolé, bafouilla-t-elle en
s’asseyant.
— On vous écoute, maintenant,
indiqua Lola. Pourquoi êtes-vous ici ?
— On nous a parlé de trois
colocataires, Lola Baker, Alison Campbell et Lilly Morris. Où est la dernière ?
demanda Michael.
— Ici.
La porte claqua derrière cette
réponse, ne manquant pas de le faire sursauter. Il observa la nouvelle
arrivante, qui ôtait son manteau de cuir rouge parsemé de neige pour le jeter
sur le canapé. Il ne l’avait pas entendu arriver, malgré ses talons de
plusieurs centimètres. Elle l’observait du même œil méfiant que lui.
— Nous sommes donc au complet,
commenta Michael.
— Vous êtes surtout chez nous,
rétorqua la nouvelle arrivante. Vous êtes ?
Michael s’occupa des
présentations. Lilly ôta son écharpe et avança vers eux, se plaçant entre ses
deux colocataires, mains sur le haut de leurs dossiers. Son regard lançait
mille éclairs, à la surprise du policier.
— Je suis la seule personne
majeure, dans cette pièce, et je vous demanderai donc de ne plus venir
interroger mes colocataires quand je ne suis pas là.
— Qui vous a parlé
d’interrogation ? répondit Michael sur le même ton acerbe.
— Vous avez un carnet dans les
mains, ce n’est pas pour faire joli, officier.
— Effectivement, c’est plutôt
pour prendre des notes sur des comportements tels que le vôtre.
— Du calme ! intervient Maïa
en tendant les mains vers chacun d’eux. Michael, mademoiselle Morris, peut-on
parler entre gens civilisés, s’il vous plait ?
Lilly émit une moue ennuyée, mais
acquiesça. Elle avança jusqu’au frigo et attrapa une bouteille d’eau gazeuse,
avant de se laisser tomber sur le siège vide, au côté des deux autres
colocataires.
— Je vous écoute, dit-elle en retirant
le bouchon de sa boisson.
Maïa se racla la gorge et
interrogea son coéquipier du regard, avant de se lancer :
— Vous êtes peut-être au courant
du décès de Carmen Maniz, à Détroit, hier soir ?
— Tout le monde en a parlé, opina
Lola en fronçant le nez. C’était tellement horrible…
— Je déteste regarde les
informations, ajouta Alison. Il y a tellement d’horreurs dans le monde, alors
qu’on pourrait tous s’aimer et se tenir la main. Enfin, vous voyez… tout le
monde me dit que je vis dans un monde de Bisounours, mais je crois tellement en
l’amour et…
— Alison, mon chou, on a compris,
l’interrompit doucement Lilly.
Elle darda son regard froid sur
Michael. L’irritation piqueta la peau du policier.
— Pourquoi nous demander ça, à
l’exception de nous gâcher Noël ?
Michael posa les coudes sur la
table et joignit les mains devant lui. Il détestait déjà se réponse à venir,
même si le comportement de Lilly Morris lui donnait envie de lui envoyer au
visage la mauvaise nouvelle, juste afin qu’elle soit calmée. Vingt-cinq ans et
déjà reporter pour une chaîne de télévision américaine. Le dossier n’avait pas
menti, elle avait un caractère de feu, comme il pouvait le constater. Mais les
deux autres étaient de simples adolescentes. Il lorgna tour à tour les trois
colocataires, son visage s’assombrissant au fil des secondes.
— Quelque chose dans l’enquête
pourrait nous faire penser que vous seriez concernées, toutes les trois.
— Qu’insinuez-vous ? gronda
Lilly.
— Du calme. Je ne veux pas dire
que vous êtes suspectes. Du moins, pas encore.
— Alors, qu’insinuez-vous ?
répéta-t-elle.
Michael plongea la main dans sa
poche et en sortit une pochette transparente, contenant un morceau de papier sur
laquelle étaient tracés deux noms, au stylo bille. L’encre avait commencé à se
diluer à cause de l’humidité qui imprégnait une partie du document, mais les
noms étaient encore visibles : Baker et Campbell. Ils étaient suivis d’un
smiley négatif.
— Ce papier était dans la paume de
la victime. L’enquête nous a prouvé qu’il y a été placé suite à sa mort.
Il sonda les colocataires d’un
regard lourd.
— Nous avons donc des raisons de
penser que ce pourrait être un avertissement… que vous pourriez être en danger.
— En danger ? répéta Lola,
plus pâle que jamais, tandis qu’Alison lâchait un petit cri et que la troisième
recrachait à moitié son eau gazeuse.
— Oui. Le tueur pourrait s’en
prendre à vous.
Il plongea son regard bleu dans
celui, noisette, de la plus âgée des colocataires.
— Vous acceptez notre présence,
désormais, mademoiselle Morris ?