samedi 5 mars 2016

Ruines - Textes écrits par les lecteurs

Hello !


J'avais lancé un petit jeu sur Twitter :



J'ai reçu 3 textes. Et je peux vous dire que chacun d'eux m'a profondément émue. C'est vraiment une chose incroyable de voir ses petits personnages naître sous les doigts de quelqu'un d'autre, même pour quelques lignes. A travers la lecture, ils grandissent et évoluent, prennent vie, sont là, concrets, en vous... et avec ce petit jeu, ils ont encore pris plus de vie, plus de réalité...


Un ENORME merci aux participantes, encore une fois !


Le texte de Julie :


Max avait vu clair dans le jeu d’Alex, le petit nouveau avait des vues sur sa sœur. Il allait lui faire passer l’envie de flirter avec Beth. Il entra furax dans le réfectoire et attrapa violemment Alex par le col avant de le tirer de force vers l’extérieur.

- A quoi tu joues le nouveau ?

Alex allait devoir la jouer fine car Max n’avait pas l’air de plaisanter.

- J’essaye de m’intégrer.

- A d’autre. Ecoute moi bien car je ne le répèterai pas, Beth tu n’y touches pas, c’est clair ?

- Calme toi…

- N’y pense même pas. Tu veux savoir ce qui est arrivé au dernier mec qui a flirté avec Beth… Il s’est retrouvé pendu par les pieds devant le QG du gouverneur.

Alex avalait difficilement sa salive.

- Alors fais bien attention, j’ai entendu dire qu’il n’était pas commode. Vas-tu prendre le risque de mourir pour les beaux yeux de ma sœur ?

La question resta en suspend. Max retourna à l’intérieur, laissant Alex réfléchir sur ce choix cornélien.



Le texte d'Albine :


Beth avait entendu parler du nouveau avant de le voir. Elle n’était pas du genre à juger les gens sans les connaître, aussi les rumeurs et autres méchancetés qui circulaient sur le compte du malheureux l’effleurait sans l’atteindre.

Le premier jour où la jeune fille l’aperçut, elle fut surprise par son allure. Le pauvre garçon portait de nombreuses blessures sur chaque partie visible de son corps. Elle n’osait imaginer ce qu’il avait subi pour en arriver là. Le détaillant des pieds à la tête, Beth fut attendrie malgré elle par le nouveau. Elle se voyait le prendre dans ses bras et le réconforter. Elle voulait le réconcilier avec la vie, avec la tendresse, avec la gentillesse. Son instinct maternel encore en sommeil lui dictait de s’occuper du malheureux, comme une mère soigne son enfant, ou une femme réconforte son homme.

Rougissant d’entretenir de tels propos à seize ans, honteuse de la pitié qu’elle ressentait, Beth se détourna rapidement du jeune homme et reprit ses activités.



Le texte de Thérèse :


Alex s’immobilisa quand il vit la silhouette de son ami se découper sur l’azur doré de cette fin d’après-midi. Maxime ne se retourna pas, il avait l’air complètement absorbé dans ses pensées tandis qu’il contemplait le soleil glissant vers l’horizon. La journée avait été splendide, le vent doux et parfumé soufflait par rafales à travers la salle déserte.

- « Excuse-moi, je suis un peu en retard pour l’entraînement… », commença à bredouiller l’adolescent.

- « Beth m’a parlé de toi. » le coupa sèchement l’autre, « …enfin, de vous, il paraît que vous êtes ensemble ?! ».

La voix de l’aîné était mesurée et calme, à peine pouvait-on y déceler une légère fêlure, quelque chose de plus rauque que d’habitude dans le timbre.

Alex resta bouche bée, les paroles moururent dans sa gorge ; il déglutit nerveusement et fit quelques pas en avant, s’immobilisant à un bon mètre derrière le jeune homme à la tignasse dorée.

- « Je… », commença-t-il ;

Il n’eut pas le temps d’émettre d’autre son. Sans bouger d’un millimètre, Maxime avait repris la parole d’un ton autoritaire.

- « Depuis la mort de nos parents, j’ai essayé de toutes mes forces d’assumer correctement la lourde responsabilité qui incombe à un chef de famille ; et pourtant…( sa voix se fêla un peu plus )…et pourtant, je n’ai pas réussi à sauver mon frère et d’autres gosses dont j’ai la responsabilité, ( il baissa légèrement la tête )…Beth est la chose la plus sacrée qui me reste en ce monde, elle est ma raison de vivre et de me battre, et je ne supporterai pas de la perdre ou simplement de la voir souffrir ! ».

Le grand blond se redressa et se retourna lentement, plantant son regard sombre dans celui de l’adolescent, il semblait avoir vieilli de plusieurs années.

- « Tu peux comprendre ça, monsieur l’amnésique ? ».

Le jeune homme baissa la tête à son tour, le trouble envahissant tout son être ; bien-sûr qu’il comprenait ! Mais comment trouver les mots pour rassurer le frère de son amie ? Celui-ci ne lui en laissa pas le temps.

- « L’entraînement d’aujourd’hui va être un peu différent. » enchaîna-t-il sur un ton redevenu nonchalant, « quand je t’ai offert de devenir mon second, j’avais agi par instinct, je t’ai fait confiance sans vraiment te connaître, mais aujourd’hui, les choses sont différentes. J’ai besoin de savoir à QUI j’ai affaire… », il se tut un petit moment et inspira, comme pour donner plus de force aux paroles qu’il se préparait à asséner à l’autre, « Je t’ai vu te battre Alex, je sais de quoi tu es capable ; tu es une redoutable machine de guerre mec ! Oui bien-sûr, tu as tout oublié ou presque ! Mais je suis quasiment certain que tu as été sérieusement entraîné au combat depuis de nombreuses années. » , il soupira puis reprit d’un air narquois, « Cependant, laisse-moi te dire une chose, la force d’un homme ne se résume pas simplement à ses aptitudes physiques mais aussi aux motivations qui le poussent à agir, et je veux savoir quelles sont les tiennes !...Donc, je ne vais pas retenir mes coups aujourd’hui, je vais te combattre comme si ma vie en dépendait et je veux que tu fasses de même, ce sera un combat d’homme à homme où chacun mettra toute son âme, compris ?! »

Alex sentit son cœur s’alourdir sous le regard glacial du garçon qui lui faisait face. Il réfléchissait à toute vitesse, cherchant à trouver les arguments susceptibles de lui épargner ce combat contre celui qu’il considérait comme un ami.

Mais il n’eut pas le temps de réfléchir longtemps. Olga avait jailli de son fourreau comme un éclair et brillait à quelques centimètres à peine de sa carotide. Ses réflexes reprirent le dessus et il bondit en arrière, ses poignards déjà calés entre ses poings.

Le combat s’engagea aussitôt avec la violence d’un ouragan. Le corps d’Alex lui obéissait avec une facilité prodigieuse, parant et feintant sans le moindre effort sous les assauts puissants du sabre de Maxime. Mais, il en allait autrement pour son esprit, des images émergeaient de nulle part, dans sa tête…Il entrevoyait à peine la silhouette qui l’assaillait avec frénésie, c’étaient les images de ses nouveaux amis qui l’environnaient de toutes parts : le large sourire de Jans...celui, méfiant d’Adam…les taches de rousseur de Jon, la grâce féline de Kate…et dominant toute les autres, c’était l’image de Beth qui accompagnait la valse rapide des armes…Beth riant aux éclats, caressant avec délicatesse les fleurs de son potager, posant devant lui des assiettes au fumet alléchant au réfectoire…chaque particule d’air inspirée et expirée lui rappelait sa petite fée tandis que son corps flirtait avec la mort à chaque nouvelle charge de son adversaire.

Max, redoublait, lui aussi, de virtuosité, et à force d’acharnement, il réussit à plaquer l’adolescent contre une colonne, sa lame dangereusement proche du visage de ce dernier.

- « Sais-tu quelle est la véritable force d’un guerrier Alex, le sais-tu ? », lui cracha-t-il au visage, « crois-tu que la force brute suffise à te donner la victoire ? Non ! Je te le dis, la véritable force nous est donnée par ceux que nous devons, à tout prix, protéger ! C’est leur faiblesse qui fait notre force et nous donne la vaillance pour tenir et endurer la souffrance et aussi pour vaincre ! Et toi, l’amnésique, qu’as-tu à protéger ? Réponds ! »

Alex restait stoïque, ses deux poignards croisés, maintenaient Olga à distance. Mais soudain, quelque chose explosa en lui, sa fureur jaillit comme une flamme et il trouva la force de repousser son ami au loin. Ses mouvements devinrent incontrôlables, ce n’était plus un combat pour sa survie qu’il menait ; c’était Beth et tous les autres qui se battaient à ses côtés…la présence de sa petite amie devenait si palpable qu’il en devenait fou et oubliait toute prudence.

Maxime, avait reculé progressivement vers la fenêtre et un dernier rayon du soleil couchant vint se refléter sur sa lame et éblouir son adversaire juste au moment où celui-ci se préparait à charger.

Alex fut aveuglé un court instant, emporté par son élan, il perdit légèrement l’équilibre et se cambra vers l’arrière, ce qui acheva de le déstabiliser. Il tomba à genoux, sa bouche hurlant le prénom de Beth au moment même où la lame de son frère lui entaillait le milieu du front.

Le cri qu’il venait de pousser l’avait tellement abasourdi, qu’il ne pensa même plus à riposter, il se contenta de fermer les yeux, laissant ses poignards glisser par terre. La mort ne lui faisait pas peur, il était prêt à encaisser le coup final…il murmura encore une fois le nom de la jeune fille, lentement, avec douceur et se prépara au châtiment.

Mais rien ne vint, il entendit simplement les pas de Maxime s’éloigner vers l’escalier. Il rouvrit les yeux, étonné, et se retourna vers son adversaire. Max s’arrêta sur le pas de la porte, dos tourné et reprit d’une voix redevenue sereine : « Maintenant, je sais qui tu es mec…peu m’importe ton passé ! » , il s’interrompit un court instant et lâcha dans un soupir : « ma sœur et les gamins qui sont ici m’ont toujours insufflé la force de combattre, mais je ne peux plus me contenter de protéger leur Présent ; je dois penser à leur assurer un avenir digne d’être vécu, et pour cela, il me faut quitter cet abri précaire et chercher de l’aide ailleurs…Alex, s’il m’arrive un malheur, je veux que tu prennes soin d’eux, je te les confie…je te confie Beth !...C’est drôle, j’’aurai jamais cru pouvoir dire ça aussi facilement ! » finit-il dans un rire doux et il disparut dans l’escalier.

Alex resta longtemps prostré dans la même position…le goût si familier du sang se mêlait dans sa bouche à la douceur salée des larmes…Il avait pleuré sans même s’en rendre compte, il ne ressentait, pourtant, ni tristesse, ni amertume. Un petit rire joyeux lui échappa à son tour…Oui, il protégerait désormais l’avenir de Beth, de Max et de tous les autres. Peu importe les ombres du passé, il survivrait pour ceux qui étaient devenus sa véritable FAMILLE.

Génial, n'est-ce-pas ?



1 commentaire:

  1. Waouh!!! Bravo les participantes !! Et surtout, félicitations à la gagnante, c'est magnifique !!!

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