Un petit bonus sur Ruines, qui se situe dans le tome 1. Max vient de présenter Alex à tout le monde. Bonne lecture :-)
Les rayons du soleil chauffent
son visage, tourné vers l’horizon. Le temps est doux, confortable, la nuit
tarde et offre ainsi des soirées agréables, malgré les conditions de vie
actuelles. Adam apprécie de pouvoir se poser sur les marches de cet escalier rouillé,
avec un verre d’eau sucrée et quelques morceaux de pain aux céréales cuisinés
pas Beth.
Il en porte un à sa bouche, le
regard pointé sur les tours qui se dessinent derrière les barrières
protectrices. Ici, ils sont approximativement à l’abri, protégés par des
gardes, des armes, des adolescents qui survivent et se battent depuis leur
enfance. Mais dehors, c’est la guerre. Le monde pleure, les ruines sont un
quotidien, la vie n’est qu’un jeu de vie et de mort auquel ils se retrouvent
confrontés à chaque jour qui se lève.
Adam pousse un soupir. Comme à
chaque fois qu’il pense à cette vie au milieu de ce monde en proie au chaos, un
nœud enserre son estomac. Pas pour lui, sa vie n’est pas le plus important à
ses yeux, mais pour les enfants, les adolescents. Si Maxim a pris les rênes du
petit groupe avec efficacité, lui se charge de seconder le chef des lieux. À sa
façon, il leur procure un peu de bonheur, surtout en allant chercher de la
nourriture, mais aussi en trouvant, parfois, de petits objets qui ravivent les
petits.
Sa meilleure trouvaille fut un
lot de jouets trouvés dans une ancienne usine. Des poupées, des petites
voitures, des tableaux noirs… de quoi enchanter petits et grands. Se rappeler
les sourires extatiques des bambins en accueillant les cadeaux lui donne le
sourire, il se surprend à secouer la tête avec un petit rire. Sa faim revient
avec le passé, il donne un grand coup de dents dans la tartine, appréciant de
sentir un morceau de noix croquer sous ses dents.
Mais l’agacement revient vite,
dès qu’il pense à l’arrivée de cet amnésique. Il n’était pas pour le fait de le
recueillir, il ne voulait pas d’un nouveau parmi eux. Le dernier qu’ils ont
accueilli a fait trop de mal à sa meilleure amie, il ne peut pas supporter de
voir la douleur revenir dans les yeux de Kate. Alors, il se protège et la
protège, à sa façon. Il s’est fermé à la nouveauté, au danger, même s’il n’est que
potentiel. Sa vie est son groupe, les autres ne sont que des intrus contre
lesquels il se bat.
Il a fait comprendre à Maxim
qu’il n’était pas d’accord, et Maxim l’a envoyé promener. Il sait très bien que
son aîné a eu raison, mais sa colère n’en est pas tassée pour autant. Il sent
que quelque chose cloche chez cet adolescent, et ce quelque chose lui donne
envie de gronder. Il veut protéger les siens, et il a l’intuition que ce
nouveau va amener le contraire avec lui : la peur, le danger, la mort.
De colère, il envoie son morceau
de pain voler au loin. Rapidement, des oiseaux se précipitent dessus. Volatiles
comme humains ont faim, dans ce monde abîmé par les guerres.
Il passe sa main dans ses cheveux
d’un geste nerveux, les épaules s’affaissant sous le poids de la contrariété.
Et se tend brusquement en entendant un bruissement dans son dos. En se
retournant, il aperçoit Maxim qui avance vers lui, les mains dans les poches.
— Je peux m’assoir ?
Il hausse les épaules et grogne
un oui. Maxim sait très bien qu’il n’a pas besoin de son approbation pour
s’installer à ses côtés. Malgré leurs nombreuses disputes, leurs railleries incessantes
et leurs discussions qui ne sont parfois qu’un mélange d’onomatopées, ils sont
amis… mieux, ils sont frères.
— Je sais que tu m’en veux, pour
ce gars. Mais je le sens bien.
— On ne sait même pas d’où il
vient.
— Lui non plus.
— Je n’ai pas confiance en lui.
— Donne-lui une chance, Chasseur.
Adam secoue la tête. Il sait
qu’il devrait acquiescer, affirmer qu’il va faire des efforts. Mais c’est plus
fort que lui. Dès qu’il entend le mot « nouveau », il revoit Kaan.
Cet enfoiré a essayé de tuer Kate. Et, dans ce monde, des Kaan existent
partout, des monstres naissent à tous les coins de rue. C’est ainsi que
beaucoup survivent et se font une place dans l’échelle sociale, à l’image des
trois gouverneurs.
— Je n’y arrive pas, avoue-t-il
sans oser regarder Maxim.
— Je sens quelque chose de bon
chez lui.
— Pas moi.
Maxim lâche un rire jaune, gêné.
Et coule un regard en coin au jeune homme.
— Laisse-moi te prouver que nous
pouvons à nouveau accorder notre confiance, Adam. S’il te plait.
— Je ne peux pas lui offrir mon
amitié. Ne me demande pas ça.
Maxim acquiesce, l’air las.
— Alors, accepte-le. Même si tu
ne l’aimes pas.
— Je vais essayer.
Il laisse passer un temps. Maxim
patiente, muet. Il sait que le reste arrive.
— Mais si jamais…
— Je sais, Adam.
— Si jamais il fait du mal à l’un
des nôtres, je le tue de mes propres mains, poursuit Adam d’un ton sec.
Maxim sourit. Et tapote
brièvement l’épaule de son ami.
— Merci, Adam.
Le chasseur ne répond pas, se
contentant de mordre sauvagement dans un nouveau morceau de pain. Il vient
d’accepter d’offrir une place à cet Alex… parce que Maxim le lui a demandé,
parce que Beth semble apprécier le jeune homme, parce qu’il a tenu tête à cet
enfoiré de Rock. Parce que, au fond de lui, une étincelle d’espoir ne demande qu’à
prendre vie et à le consumer, tout entière.
Il acceptera cet Alex à coups de
grognements et de colère, mais, avec au fond de lui, la foi qu’un adolescent
amnésique apportera une nouvelle vie au foyer. Sait-on jamais.
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