jeudi 3 novembre 2016

Scène coupée tome 1





J'ai quelques petites scènes qui traînent sur mon ordinateur... instants coupés du tome 1 ou début du tome 3 entièrement retravaillé par la suite... Aujourd'hui, je vous offre une scène coupée du tome 1, qui devait être à l'origine le chapitre 14 ! :)

Bonne lecture :)


(Oh, et oui, quand j'ai écrit ce texte, Beth était rousse ! )






Il ne fut pas étonné en découvrant que sa nouvelle destination était le réfectoire.
En poussant les doubles portes, l’adolescent eut le bonheur de découvrir que l’endroit était presque vide. Il ne se sentait pas prêt à affronter à nouveau Adam et Kate pour l’instant. Ni les regards curieux de Noah et Jans.
Une seule personne occupait un siège à sa gauche, un petit brun de quinze ou seize ans qui se dépêcha de finir son ragoût quand les deux autres prirent place, le tintement de sa fourchette raclant le fond de son assiette résonnant au cœur de la salle.
-Tu as le temps de manger, Shawn, le rassura Maxim en prenant place sur une chaise entourée d’une flaque de soleil.
Sans relever la remarque de Maxim, l’intéressé goba pratiquement son dernier morceau de ragoût. Et fila sans demander son reste une fois son repas englouti.
Alex s’installa à son tour et haussa le menton vers l’alcôve protégeant les cuisines. L’endroit était plongé dans les ténèbres. Aucun bruit n’en filtrait.
-Beth est encore là ? demanda-t-il en penchant la tête pour tenter d’apercevoir quelque chose sous la pénombre de la pièce.
Maxim ne répondit pas mais se retourna à son tour vers l’alcôve. Il plissa les paupières pour scruter intensément la cuisine.
-Beth, lança-t-il d’un ton qui n’admettait aucune contradiction, viens ici.
Quelque chose tomba au sol, dans la petite pièce. Une seconde plus tard, la petite rousse apparaissait, les joues légèrement roses, le regard fuyant. Elle faisait passer une cuillère de bois d’une main à l’autre d’un air gêné, comme si elle venait pris en flagrant délit de mensonge.
Elle avança d’un pas hésitant vers les deux garçons.
-Oui ?
-Assis-toi.
La rouquine mordilla ses lèvres, hésitante. Et fléchit les genoux devant le banc, sans pour autant s’y installer.
-Ecoute, Max… débuta-t-elle en tapotant nerveusement le manche de sa cuillère contre son avant-bras, je peux tout t’…
-Assis-toi, l’interrompit son frère d’un ton qui n’admettait aucune opposition.
-Mais…
-Beth.
Elle expira profondément, son regard allant voltiger partout dans la pièce sauf vers les deux garçons. Dont un qui se demandait vraiment pourquoi il était là.
-Beth, reprit Maxim en lui désignant le banc.
Elle acquiesça en déglutissant. Et prit place d’une mine hésitante, tout au bord de l’assise comme si elle se préparait à fuir au plus vite à la moindre menace.
-Ça fait deux jours que je te laisse tranquille, Elizabeth, énonça Maxim en l’observant d’une façon appuyée. Maintenant, il faut qu’on parle.
-Pourquoi ? Je n’ai rien à dire, fit-t-elle en direction de ses mains.
Alex les observa tour à tour. L’un avait dressé les épaules et bombé le torse, observant sa sœur comme un père aurait pu le faire de ses enfants. L’autre s’était recroquevillée sur elle-même, pâle comme un fantôme.
Maxim se pencha vers sa sœur, la toisant de toute sa hauteur.
-Je ne t’ai pas posé de questions. Je t’ai laissé le temps de t’en remettre. Je n’ai fait aucun commentaire. Mais maintenant, stop. Stop, Beth. Je veux savoir ce que tu foutais dehors à deux heures du matin, sans protection, sans arme, sans avoir prévenu quiconque de ton départ.
Il marqua une pause.
-Je veux savoir pourquoi Alex a été à deux doigts de crever pour te sauver.
-Mais…
-J’écoute. Pourquoi, Beth ?
Elle entrouvrit la bouche. Et lança un furtif regard vers Alex.
-Et pourquoi tu me demandes de m’expliquer devant lui ? répliqua-t-elle d’une voix tremblante.
Maxim alla chercher le regard d’un Alex particulièrement mal à l’aise.
-Il t’a sauvé, dit-il d’un ton sans réplique. Si quelqu’un a le droit de savoir la vérité, c’est bien lui !
Elle soupira. Et plongea son visage dans ses mains pour y puiser une longue bouffée d’oxygène.
-Non, siffla-t-elle en secouant la tête. Non, non et non. Je ne rentrerai pas dans ton jeu, Max. Tu ne me feras pas culpabiliser pour lui, ni pour moi.
-Je veux comprendre.
-Non.
Maxim souleva la tête vers le plafond. Son visage avait pris une couleur pourpre au fur et à mesure de l’échange avec sa sœur. Qui s’intensifia quand il plongea ses iris dans celles de Beth pour lâcher d’un ton sec :
-Je veux comprendre pourquoi ma petite sœur a failli se faire tuer quand elle aurait dû être au fond de son lit ! Putain, c’est difficile à entendre ?
-Et si je n’ai pas envie de parler ? s’écria-t-elle en relevant un regard assombri de colère vers lui. Si je n’ai pas envie de me justifier ? Tu n’es pas mon père, Maxim !
Un poing s’abattit sur la table, tandis qu’il se redressait, furibond. La jeune fille le suivit du regard, les joues rendues rouges par un mélange de peur et de colère.
Alex déglutit, l’impression d’assister à une scène de famille où il ne devrait pas être plus forte que tout. Il tenta de reculer mais se retrouva arrêtée par l’explosion du blond :
-Bordel ! Il se passe quoi dans ta tête ? Merde !
-Merde à toi aussi ! cria-t-elle. Je n’ai pas à m’expliquer !
Elle lâcha un court sanglot, le poing resserré autour d’une cuillère en bois qu’elle venait de briser en deux.
-Je n’ai pas à m’expliquer, répéta-t-elle plus doucement. Parce que tu ne pourrais pas comprendre. Alors, fous-moi la paix, Max. Une bonne fois pour toutes, fous-moi la paix.
Elle tourna les talons pour s’enfuir sur ces derniers mots. Son frère resta à regarder l’endroit où elle venait de disparaître, le visage aussi tendu que possible.
Alex passa une main dans ses cheveux, sans savoir quoi dire après une telle scène. Mais il n’eut pas besoin de commenter, pas même d’ouvrir la bouche. Maxim tourna les talons et s’éclipsa avant qu’il n’ait pu esquisser le moindre mouvement.
Il se retrouva seul dans le réfectoire.
Avec la désastreuse sensation qu’il n’aurait jamais dû être spectateur d’une telle scène.

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